Association Guy Lévis Mano

L’Association Guy Lévis Mano a pour projet de faire connaître l’œuvre de Guy Lévis Mano comme éditeur de poésie, traducteur, poète et typographe, d’annoncer et soutenir les actions en cours, de répondre aux demandes d’information.

Accueil > Poète > Biographie de Guy Lévis Mano

Biographie de Guy Lévis Mano

« Je ne sais pas qui je suis, je viens de terres très lointaines… » (Guy Lévis Mano, 1925)

Guy Lévis Mano a toujours été d’une extrême discrétion concernant sa jeunesse et par la suite, sa vie privée. Les informations dont nous disposons sont parcellaires et souvent de seconde main. Quelques témoignages, ceux de ses amis très proches (Madeleine Pissarro, Andrée Chedid, Yvonne Vineuil...), des documents biographiques conservés aux Archives nationales à l’occasion de son dossier de naturalisation, mais pas plus. Si l’on veut comprendre la vie et l’œuvre de Guy Lévis Mano, il suffit de consulter la liste de ses publications : elles lui ressemblent.

La famille de Guy Lévis Mano avait été expulsée d’Espagne sous le règne d’Isabelle la Catholique à la fin du XVe siècle et avait émigré à Salonique, en Turquie, où s’installera une importante communauté de juifs sépharades. Guy Lévis Mano y a passé une partie de son enfance et, comme ses concitoyens, parlait plusieurs langues : l’espagnol archaïque qui était la langue de sa communauté, l’anglais et sans doute le français.
Salonique est rattachée à la Grèce en 1912. La Première Guerre mondiale redistribue les cartes d’appartenance géopolitique : de graves menaces pèsent sur la communauté juive et les parents de Guy l’envoient à l’âge de 13 ans rejoindre ses deux sœurs aînées installées à Paris. Il fréquente alors les écoles françaises et surtout les bibliothèques publiques, ainsi que les bouquinistes des bords de Seine. Né Guy Benico LEVY, il associera le nom de son père à celui de sa mère (MANO) pour devenir Guy Lévis Mano, appelé « GLM » par la plupart de ses amis.

• 1904 •

Guy Lévis Mano naît le 15 décembre à Salonique, alors en Turquie. Il est le fils de Moïse Levy, né le 5 mai 1867 et de Oro Benjamin Mano, née le 15 décembre 1877, tous deux à Salonique.

• 1918 •

Le 1er janvier, arrivée de Guy Levy à Paris. Il est accueilli chez sa sœur Mme Yabbes.

• 1919 •

Arrivée à Paris de ses parents, qui s’installeront avec leur fils 137, boulevard de Grenelle, Paris (15°). Il y habitera toute sa vie.

• 1923 •

Sous le nom désormais définitif de Guy Lévis Mano, il fonde à Paris avec quelques amis sa première revue de poésie, La revue sans titre, qui connaîtra deux numéros.

• 1924 •

Il publie son premier recueil, Les Éphèbes, aux éditions « La revue sans titre ». Deuxième revue de poésie, Des Poèmes, qui connaîtra trois numéros en 1924.

• 1925 •

Il fonde l’Association Internationale des Jeunes écrivains et Artistes avec un groupe de poètes. Il signe un manifeste contre le surréalisme dans un article de la revue Ceux qui viennent. Il organise des soirées poétiques et musicales. Publication de C’est un Tango pâmé chez Henry Parville, ainsi que de plusieurs numéros de la revue Ceux qui viennent.

• 1926 •

Il rencontre Madeleine Pissarro (1906-1998), qui ne cessera jamais de le soutenir tout au long de sa vie. Afin de régulariser sa situation et d’obtenir sa naturalisation, il demande à effectuer son service militaire.

• 1928-29 •

Naturalisé en décembre 1927, il effectue son service militaire au 101° régiment d’artillerie tractée du Mans (Sarthe), et le termine avec le grade de maréchal des logis. Il se passionne pour les sports populaires, le cyclisme (il est journaliste au Vélo), la boxe, qu’il pratique et dont il est un des chroniqueurs spécialisés. Il recherche les quartiers populaires ainsi que la compagnie des ouvriers. Il admire la chanteuse Damia.
Premières ruptures dans ses amitiés littéraires.

• 1930 •

À l’exception des toutes premières, ses publications sont imprimées jusqu’en 1933 chez Louis Beresniak, rue Lagrange à Paris (5°), où il fait de la mise en page. Cet imprimeur travaillera pour les surréalistes.

• 1930-33 •

Il travaille à La Plume d’Or, inaugurée en 1930, au 2, rue de la Pompe à Paris (16°).

• 1932 •

Il écrit son premier roman, Jean et Jean, qui annonce les années 35-39 et son adhésion au surréalisme.

• 1933 •

Il quitte La Plume d’Or et, durant l’été, réalise ses deux premiers livres, Il est fou ! et Ils sont trois hommes, sur la presse à levier que lui a laissé un ami poète. C’est la naissance des éditions G.L.M., puis GLM. Dès lors, il imprimera lui-même, à de très rares exceptions près, tous les ouvrages des Éditions GLM.

• 1934 •

Il prend la gérance de la « Librairie 79 », avenue de Ségur, à Paris (15°), avec comme collaborateurs Roger Bonon et Georges Duchêne (propriétaire de la librairie). Ce dernier sera remplacé ensuite par Madeleine Pissarro.

• 1935 •

Il acquiert une nouvelle presse. Il publie une courte partie de son roman Jean et Jean, dans le huitième « Cahier des Douze ». Il acquiert une Minerve à pédale. Intense activité éditoriale au service des surréalistes qui ont perdu leurs éditeurs favoris et vont vers cet éditeur qui est aussi un imprimeur. Ces éditions se font le plus souvent à compte d’auteur.

• 1936 •

Guy Lévis Mano, Roger Bonon et Madeleine Pissarro s’installent en mars dans l’atelier n°1 du 6, rue Huyghens, Paris (14°). Un grand nombre de publications voient le jour.

• 1936-37 •

Deux expositions présentées par Paul Éluard et Pierre Jean Jouve contribuent à étendre la renommée de GLM.

• 1936-1939 •

Années les plus actives : 46 parutions en 1936, 52 en 1937, 21 en 1938, 27 en 1939. Parmi les nombreuses revues éditées par GLM, la plus importante est Les cahiers GLM (9 numéros) de 1936 à 1939, qui associent textes et dessins selon une formule que d’autres revues reprendront plus tard. Le 17 novembre 1937, GLM organise au Studio des Champs Élysées un récital de poésie.

• 1938 •

Madeleine Pissarro ouvre en novembre une librairie dans l’atelier n°4 de la cour du 6, rue Huyghens.

• 1939 •

En septembre, à la déclaration de la guerre, Guy Lévis Mano est mobilisé, ainsi que Roger Bonon. Fermeture de l’atelier. Madeleine Pissarro ferme également la librairie et entasse les ouvrages chez la concierge qui met un local à sa disposition.

• 1940 •

Roger Bonon est tué sur son bateau à Dunkerque en mai 1940.

• 1940-1945 •

Guy Lévis Mano est prisonnier de guerre en Allemagne, n°51329, Stalag 3 B 214. Il continue à écrire. Il est envoyé en Kommando disciplinaire en Poméranie, Stammlager II D, n°72170.

• 1942-1943 •

Son manuscrit écrit en captivité sous le pseudonyme de Jean Garamond, comprenant Images de l’homme immobile et Captif de ton jour et captif de ta nuit, est envoyé par l’intermédiaire de la Croix Rouge suisse à Albert Béguin. Celui-ci publie à Neuchâtel Images de l’homme immobile et envoie les deux poèmes à Pierre Seghers, qui les publiera dans ses Poètes prisonniers (Cahier spécial de Poésie 43 - Villeneuve-lès-Avignon, Pierre Seghers). En Suisse, Captif de ton jour et captif de ta nuit parut aussi en mars 1943 dans « Lettres », collection dirigée par Pierre Courthion.
À Paris, une enquête de la Préfecture de police concernant les parents de GLM est effectuée et émet un avis de « notoriété » favorable, suivi par la Commission de révision des naturalisations. Le fait que leur fils soit prisonnier de guerre a probablement empêché ses parents d’être arrêtés et déportés comme juifs.

• 1945 •

GLM revient à Paris, très marqué et assombri par ces années de captivité. Il reprend son activité d’éditeur.
Il exercera dès lors une véritable attraction sur toute une génération d’auteurs : René Char, Paul Éluard, Pierre Jean Jouve, Henri Michaux, Jacques Prévert, Andrée Chédid... Il édite deux revues : Le Temps de la Poésie et Nouvelle Série des cahiers GLM (1954). Il publie sa poésie, des textes anciens du domaine français, des éditions bilingues d’auteurs modernes ou anciens, de jeunes poètes qu’il découvre.

• 1951-1974 •

Publication d’une dizaine de volumes par an. Peu d’éditions originales, beaucoup de traductions d’auteurs espagnols.

• 1978 •

Atteint d’un cancer du poumon qu’il sait incurable, il réfléchit au devenir des Éditions GLM avec Madeleine Pissarro, Philippe et Claudie Makedonsky, ses voisins d’atelier et amis, et Bernard et Simone Pissarro. Il souscrit au projet de fonder une Association GLM, qui assurerait la vente des ouvrages encore disponibles et en utiliserait les recettes pour attribuer des bourses à des poètes, des typographes, des illustrateurs. À cette fin, et avec la réserve expresse de ne pas rééditer à l’identique ses ouvrages, il lègue le fonds des Éditions GLM à Madeleine Pissarro, qui en fera don à L’Association GLM, créée en 1980.

• 1980 •

Mort de Guy Lévis Mano le 25 juillet à Vendranges (Loire), chez ses amis M. et Mme Gouttebaron. Il est inhumé au cimetière de Vendranges.


Portrait de Guy Lévis Mano
publié dans Jean & Jean, GLM, 1935
photo © Pierre Kefer

La Revue sans titre
Couverture de La Revue Sans Titre publiée en 1924


Encart pour la Plume d’Or
dans Directions n°1 de juin 1932


Couverture de L’Homme des départs immobiles publié en 1934


Guy Lévis Mano et sa chienne Elsa, vers 1935